La
Nasa a découvert que de l'eau liquide coule à certains
moments à la surface de Mars, une trouvaille majeure qui
révolutionne la compréhension de la Planète rouge où "la vie
pourrait exister". "C'est une avancée significative qui
paraît confirmer que l'eau sous forme de ruisseaux de
saumure, coule aujourd'hui à la surface de Mars", a déclaré
John Grunsfeld, administrateur adjoint de la Nasa, lors
d'une conférence de presse à la suite de la publication de
cette découverte dans la revue britannique Nature Geoscience.
Un avis partagé par Maarten
Baes, de l'observatoire de l'université de Gand, qui a
qualifié cette découverte de "spectaculaire". "Elle rend la
planète très attrayante et nous permet désormais d'avoir une
idée beaucoup plus claire d'où nous devons chercher la vie
sur Mars: là où il y a de l'eau", a-t-il expliqué.
Cette dernière avancée, obtenue grâce
aux images fournies par des observations d'une sonde de la
Nasa, le "Mars Reconnaissance Orbiter", à l'aide d'un
spectromètre, "appuient fortement l'hypothèse" de la
présence d'eau liquide sur Mars de nos jours, ajoutent des
scientifiques français et américains.
"Mars n'est pas la planète sèche et
aride que nous pensions qu'elle était", a quant à lui
souligné Jim Green, le responsable des sciences planétaires
à l'Agence spatiale américaine.
Dans un lointain passé Mars était
similaire à la Terre avec des lacs, des rivières qui ont
creusé des vallées et aussi probablement un vaste océan,
a-t-il rappelé. "Aujourd'hui nous révolutionnons notre
compréhension de cette planète".
"Nos orbiteurs (autour de Mars)
découvrent beaucoup d'humidité dans l'atmosphère" et ont
déterminé que le sol martien est nettement plus humide
qu'anticipé, précise-t-il.
Les scientifiques avaient émis depuis longtemps
l'hypothèse que ces traces saisonnières d'écoulement sur des
terrains fortement en pente à différents endroits de Mars
pouvaient être formées par des coulées de saumure, une
solution aqueuse saturée en sel qui ne peut se former sans
la présence d'eau.
Ces traces observées pour la première
fois il y a environ quatre ans, qui peuvent faire jusqu'à
quelques centaines de mètres de long sur cinq mètres de
large, apparaissent seulement pendant les saisons moins
froides, s'allongent puis disparaissent quand les
températures chutent. Elle apparaissent quand le thermomètre
est à moins 23 degrés Celsius, une température à laquelle
l'eau peut encore être liquide si elle est fortement chargée
de ces sels minéraux.
Les scientifiques n'avaient pas pu
étayer jusqu'à présent l'hypothèse que ces traînées
saisonnières résultent de l'écoulement d'eau sous forme de
saumure.
En avril, d'autres scientifiques
avaient rapporté dans le même Nature Geoscience que des
perchlorates de calcium étaient présents sur le sol de Mars.
Le perchlorate, un type de sel similaire à celui découvert
sur ces coulées, est très absorbant et abaisse le point de
gel de l'eau de sorte qu'elle reste liquide à des
températures nettement plus basses.
Pour Tim O'Brien, professeur
d'astrophysique à l'Université de Manchester au Royaume-Uni,
qui n'a pas participé à cette recherche, "cette découverte
est vraiment exaltante".
"La Nasa a pu analyser la signature de
ce matériau (ces sels hydratés ndlr) et peut voir qu'il
s'agit de saumure, ce qui montre clairement que l'eau
liquide joue un rôle", a-t-il ajouté.
Mais "les scientifiques ne savent pas
d'où vient cette eau, si elle suinte du sous-sol mélangée à
des sels minéraux pour former de la saumure où si elle vient
de l'atmosphère, comme c'est le cas sur la Terre", a noté le
professeur O'Brien.
Il souligne que "la présence d'eau
liquide accroît la possibilité de formes de vie microbienne
sur Mars aujourd'hui mais ne prouve pas pour autant
l'existence de la vie".
"Toute vie telle que nous la
connaissons a besoin d'eau et maintenant que nous avons
trouvé de l'eau sur Mars il pourrait y avoir de la vie",
souligne l'astrophysicien.
"Notre exploration de Mars a toujours
été guidée par la recherche de l'eau dans notre quête pour
la vie dans l'univers et désormais nous avons des
indications scientifiques convaincantes qui valident ce que
nous suspections", a enfin souligné John Grunsfeld.
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