Dr Damerdji Yassine a présenté une conférence intitulé
"De
l'Almageste à Gaia, l'histoire des catalogues en Astronomie"
à la bibliothèque du CRAAG le Mercredi 14 Novembre 2018 à
10h00
Résumé:
Depuis l'antiquité, l'homme utilisait les
étoiles pour naviguer dans les déserts et dans les mers.
Pour cela, il avait besoin de repérer les étoiles les unes
par rapport aux autres en les regroupant dans des
constructions issues de son imaginaire qu'on appelle les
constellations. L'Astrologie, en dépit de son lot de
superstitions et de charlatanisme, contribua grandement à
l'observation du ciel. Les différents signes du Zodiaque
sont en quelque sorte les premiers catalogues en
Astronomie.
Le catalogue en Astronomie est une liste
de données dont chacune contient des informations sur un
astre donné (étoile, galaxie, quasar, ...). Le contenu des
catalogues varie d'un catalogue à un autre. Pendant que les
premiers catalogues ne contenaient que les positions des
astres, les plus récents contiennent une multitude
d'information (brillance, chimie, ...).
Les catalogues présentent un intérêt
historique. En effet, grâce aux tables des Babyloniens et
Assyriens, Hipparque en a pu établir l'existence de la
précession des équinoxes.
La qualité d'un catalogue se mesure par
sa i) complétude, i.e. un catalogue complet pour une
brillance donnée est celui dans lequel le nombre d'objets
non recensés pour une gamme de brillance donnée tend vers
zéro, ii) sa précision, i.e. la taille des boites d'erreur
sur les positions est la mesure de la précision sur les
positions.
A cause des contraintes d'observation au
sol (i.e. un observateur dans l'hémisphère nord de la Terre
ne peut pas avoir accès à tout le ciel austral), il ne peut
exister de catalogue astronomique fait sur Terre et
recensant la totalité de la sphère céleste sans avoir
recours à plusieurs instruments, d'où l'intérêt des missions
spatiales.
Pendant ce talk, nous reviendrons
brièvement sur l'évolution du catalogue astronomique au
cours des différentes civilisations, qu'elles soient
chinoise, hellénique, musulmane ou européenne.
Le projet Carte du Ciel, dont
l'Observatoire d'Alger fut l'un des plus productifs, est le
premier projet pour l'observation de la sphère céleste d'une
façon homogène. En effet, Ernest Mouchez, alors directeur de
l'Observatoire de Paris équipa une série d'observatoires
avec les mêmes instruments d'observation.
L'ère moderne se caractérise pour le
nombre croissant de missions spatiales dont le but est
d’acquérir des données précises et homogènes. On peut en
citer les missions Hipparcos, Planck et Gaia.
Le 25 avril 2018 paru la seconde sortie
du catalogue du satellite Gaia. Avec ses 1.7 milliard
d'étoiles, il est le catalogue le plus volumineux jamais
établi. Il est aussi le plus précis en terme de position des
étoiles. Le livre d'Almageste de Ptolémée datant d'environ
22 siècles n'en contenait que le millionième.
L'accès à des quantités aussi importantes
de données (250 000 DVD pour le catalogue Gaia final) est un
défi technologique. Il nécessite le développement d'outils
informatiques ingénieux pour l'accès, la visualisation et
l'exploitation des données.
Afin de mieux exploiter les bases de
données de plus en plus riches, la communauté des astronomes
a développé des services d'accès et de visualisation qu'on
appelle communément les observatoires virtuels. L'Union
Astronomique Internationale a d'ailleurs une section dédiée
aux développement et la standardisation de ces observatoires
virtuels.
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